présenté par Céline Soulodre
Pour conclure et illustrer la série de 6 cours de cinéma
Elle Marja, 14
ans, est une jeune fille d'origine Sami. Elève en internat, exposée au racisme
des années 1930 et à l'humiliation des évaluations ethniques, elle commence à
rêver d'une autre vie. Pour s'émanciper et affirmer ce qu'elle souhaite
devenir, elle n'a d'autres choix que rompre tous les liens avec sa famille et
sa culture.
Après six séances
sur le cinéma des pays du Nord de l’Europe comment ne pas s’interroger sur
l’absence à l’écran de la population autochtone Samie ? La Laponie est pourtant
une vaste région transnationale s’étendant sur 4 pays et environ 400 000 km2.
Quelle chance
alors de pouvoir découvrir ce très beau premier film d’Amanda Kernell ! Un long
métrage qui lève le voile sur une partie sombre de l’histoire de la Suède et
qui marque encore aujourd’hui le quotidien des Samis. Ne se contentant pas des
paysages magnifiques qui enchantent cependant le spectateur, la jeune cinéaste
réalise le portrait sensible d’une femme obstinée et parfois désemparée. Amanda
Kernell a mené un long et minutieux travail de documentation pour nous conter
cette histoire inventée à partir de nombreux événements vécus et qui l’ont
marquée.
Il n’est donc pas
étonnant que Sami, une jeunesse en Laponie ait fait le tour du monde…
Sélectionné dans plusieurs festivals et ovationné par le public il a obtenu de
nombreuses récompenses dont le Prix de la meilleure réalisatrice pour un
premier film à la Mostra de Venise en 2016.
Céline Soulodre
« Longtemps, pour
les Suédois, les Samis, ces éleveurs de rennes du Grand Nord, ont été des moins
que rien, des Lapons au sens propre, c'est-à-dire des "porteurs de
haillons". Leurs coutumes, leurs costumes, leurs chants traditionnels –
les "joiks" – faisaient rire et jaser les gens "civilisés"
de la ville, certains allant jusqu'à prendre, comme si c'étaient des animaux
sauvages, leurs mesures anthropométriques.
Le parti pris
d'Amanda Kernell, fille d'une Suédoise et d'un Sami, est osé : faire le
portrait d'une vieille dame ayant renié, adolescente, ses origines lapones, qui
lui valaient quolibets et humiliations, pour tenter d'épouser la bonne société
d'Uppsala. D'Elle Marja, elle est devenue Christina (les deux comédiennes qui
l'incarnent sont remarquables). […]
Il est étonnant
qu'il ait fallu si longtemps pour que cette histoire bouleversante soit enfin
racontée et filmée. Bien filmée, en plus.»
Jérôme Garcin –
L’Obs
Jérôme Garcin – L’Obs
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